Un des principaux rôles du design aujourd’hui est d’inventer de nouvelles réciprocités. Si la modernité a forgé l’idée que l’homme pouvait maîtriser son environnement, s’approprier la nature, on sait aujourd’hui qu’il n’en est rien. Les crises actuelles nous le confirment, il est temps de changer de paradigme.
Le design a contribué à l’invention de la vie moderne en produisant des objets à l’échelle industrielle mais il a aujourd’hui un nouveau rôle à jouer. Plus que jamais, le designer s’attache à répondre aux problèmes posés en repensant l’organisation sociale de notre quotidien. Des questions urgentes se posent à nous : comment se nourrir, s’éduquer, se soigner ?
Les Anglo-Saxons emploient le mot design avec précision : Fashion design (design de la mode), interior design (design d’aménagement intérieur), sport design (design de la pratique sportive). Cette exposition porte sur le farming design, le design de l’agriculture.
L’industrialisation du XXe siècle a profondément transformé nos sols pour nourrir mieux et plus, deux notions qui sont aujourd’hui réinterrogées de toutes parts. L’alimentation est devenue un domaine terriblement complexe ; du sol à l’assiette, de multiples processus sont à l’œuvre pour nourrir une population croissante.
Les paysans font face à de nombreux défis. Ceux que l’on appelle parmi eux les « paysans-chercheurs » expérimentent de nouvelles pratiques. À la manière d’un designer, ils inventent de nouveaux processus pour produire en prenant en compte la particularité du contexte et des outils, qu’ils n’hésitent pas à réinventer pour les adapter aux spécificités locales.
Au cœur des préoccupations, la terre, la topographie, l’écoulement des pluies, l’ensoleillement, les vents, les cycles biologiques de la faune et de la flore sont autant d’éléments que le « paysan designer » observe pour aménager ses terres et favoriser des liens vertueux pour le sol et ses cultures.
Paysans designers, l’agriculture en mouvement a ainsi pour enjeu de présenter une nouvelle génération de paysans qui cherchent à nous nourrir tout en régénérant les sols et la biodiversité.
L’exposition met ainsi le sol au cœur de nos attentions, pour révéler de nouvelles connaissances sur son rôle, son fonctionnement, l’écosystème qu’il abrite. Elle met en évidence les échelles de culture et de production, propose des regards sur de nouvelles pratiques paysannes, réinterroge la dimension du temps. Elle puise, chez nous mais aussi sur d’autres continents, les sources d’une culture nouvelle, qui place l’homme au cœur d’alliances inédites avec la nature, et le replace à égalité, comme un des maillons du vivant aux côtés des êtres animés, plantes et animaux. Une remise en perspective du monde auquel on appartient.
Il ne s’agit pas ici de nourrir les cris d’alarme, mais d’exposer des aventures, des projets, des scénarios qui donnent envie. L’enjeu est d’imaginer et de révéler les pistes d’un monde désirable, et possible.
Commissaire de l’exposition
Constance Rubini,
assistée d’Etienne Tornier, conservateur au madd-bordeaux
Scénographie de l’exposition, in et hors les murs
François Bauchet
Jean-Baptiste Fastrez
assistés de Bérengère Bussioz
Mise en lumière
Serge Damon
Narration en images
Atelier CTJM
Design graphique
Clément Le Tulle-Neyret
Voir le site internet du MAD : https://madd-bordeaux.fr/expositions/paysans-designers-un-art-du-vivant