La Grande illusion à Neuchâtel en 2000
Le Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) participe cette année à une expérience inédite. Un titre commun, La grande illusion, a été arrêté par les trois musées de la Ville. Sur ce thème, chaque institution a préparé, sans concertation aucune avec les deux autres, une exposition originale qui a donné lieu à une inauguration commune le 21 octobre 2000 et qui durera jusqu’au 20 octobre 2001. Le MEN a choisi une structure ouverte, à savoir la mise en scène d’un poème d’Arthur Rimbaud, Après le Déluge, à partir duquel il présente, comme autant d’associations liées à la vie quotidienne et à la culture du présent, les multiples illusions dont la somme constitue La grande illusion retenue comme titre. L’exercice constitue parallèlement une nouvelle exploration des méandres et des potentialités du discours muséographique, dans les rapports qu’il instaure au texte, à l’image et à l’objet.
Bien sûr il y a Internet, les stock options, la chirurgie plastique, l’Etat voyou; d’accord, il y a les bornes interactives, le Wap, la nouvelle économie, les zoos humains. Les assessment centers, la réalité virtuelle, la glocalisation, les cyber-résistants, c’est clair; le multimédia, le streetwear, la téléphonie mobile, les routards de banlieue, ça marche; le génie génétique, les start-up, la nanotechnologie, le capitalisme chinois, assurément; les écrans plats, Le Monde diplomatique, le postmodernisme, Questions pour un champion, O.K.
Après le déluge, soir historique ou nocturne vulgaire, le MEN parade, angoisse, vagabonde. Institué en promontoire, il scrute nos villes barbares, mystiques, nos fleurs d’enfance, nos départs antiques, génie et solde, up to the bottom: des sacs et des ressacs, une idée rassise, des espoirs de changement, une prière bucolique, des fleurs aguichantes, des aurores mercantiles, des retours à l’ordre, du sang sur le sable, des grues comme s’il en pleuvait, des vapeurs d’alcool, des vitres embuées, des enfants captivés, des images en pagaille, une porte qui claque, des girouettes grinçantes, de belles oranges pas chères, des accords alpestres, une dame énigmatique, le froid des cathédrales, des colonnes en partance, des lumières dans les glaces, des cris dans le désert, des sonnets convenus, des printemps silencieux, des exhortations désabusées, des pépites dérobées, des fleurs étouffantes, la peur de l’ennui, une sorcière taciturne, des vérités qui se dérobent.
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